Encore un peu de musique...
En ce moment, pour m'aider à dormir, j'écoute les Variations Goldberg de Bach.
De fil en aiguilles, de recherches wikipedia en temps perdu, je commence à m'interesser un peu plus qu'avant à la musique classique, et surtout aux différences de style entre les compositeurs, ou entre les interprètes.
Bien que passionnant, ce petit exercice se révèle parfois frustrant.
Prenons par exemple Nicollò Paganini.
Ce gênois est souvent cité comme le plus grand violoniste jamais connu. Il a brillé dans les concerts du début du XIXème siècle (début de la période romantique).
Véritable génie musical, la description qu'en ont fait ses contemporains le place au-dessus de tous les violonistes passés comme présents. Sa souplesse est tellement prodigieuse qu'on le soupçonne aujourd'hui d'avoir été atteint du syndrôme de Marfan (qui se caractérise par une hyperlaxie ligamentaire... pour ceux qui connaissent le Troll en Costard, oui c'est la même chose). Son acuité auditive est aussi extraordinaire, capable non seulement d'accorder son instrument pendant que joue l'orchestre, mais aussi de corriger les autres instruments à une distance étonnante.
En dehors de ces capacités naturelles, Paganini avait également une excellente maîtrise technique. Epuisant plusieurs professeurs au cours de sa scolarité, certains même avant le premier cour (comme le virtuose Alessandro Rolla, qui estima "ne rien avoir à lui apprendre"), il apporta de plus au violon de nouvelles manières de jouer, utilisant dans ses compositions de nombreux effets techniques inconnus de l'époque. Ses vint-quatre Caprices sont considérés encore aujourd'hui comme le summum de la difficulté technique de cet instrument. Pour certains des meilleurs violonistes actuels (comme Ivry Gytris), il y a un "avant" et un "après" Paganini, indissociables et incomparables.
Et ce n'est pas tout ! Aux talents naturels et à ses prouesses techniques s'ajoute encore quelque chose d'un peu spécial, un don incomparable pour transmettre des émotions par la musique, qui lui donna son surnom : "le violon du Diable". Subjuguant les foules de toute l'Europe, suscitant l'admiration incontestée de tout ce que son époque comptait comme musiciens et compositeurs, Paganini a brillé comme aucun autre musicien.
Schubert disait de lui que "Dans l'adagio de Paganini, j'entendis le chant des Anges. On ne verra jamais personne comme lui". Rossini (le compositeur du Barbier de Séville) pleura la première fois qu'il l'entendit jouer (ce fût l'une des trois seules fois où il pleura, selon la légende).
Lors de son premier concert à Paris, l'enthousiasme déclenché par sa prestation fut sans égal, rapporté par l'écrivain allemant Ludwig Börne : '"Ce fut un enthousiasme divin, diabolique, je n'ai jamais vu ou entendu quelque chose de semblable de toute ma vie. Tous les gens sont devenus fous." Le prix des billets doubla en une seule soirée. Le célèbre critique musical François Castil-Blaze, qui faisait autorité à l'époque, exhortait le public à aller le voir sans aucune retenue : "Vendez tous ce que vous possédez, bradez tout, mais allez l'entendre. C'est le plus impressionnant, le plus surprenant, le plus merveilleux, le plus miraculeux, [...], le plus inattendu des phénomènes jamais survenus."
Et bon sang... Bon sang je l'entendrai jamais !
C'est super frustrant !
Y'a quelque chose dont je me suis rendu compte en fouillant un peu dans l'histoire de la musique, c'est que l'interprète d'un morceau classique a énormément d'importance, autant voire plus que pour un morceau moderne. Et si les oeuvres de Paganini sont arrivées jusqu'à nous, jamais nous ne pourrons retrouver avec certitude ce que jouait cet homme.
Au mieux nous pouvons nous reposer sur ceux qui jouent Paganini aujourd'hui.
Voici quelques exemples de la gamme d'interprétations possibles pour un même morceau, avec la Campanella, dit aussi Concerto à la clochette.
Ga Yeon (interprétation assez candide et sage, avec piano).
Leonid Kogan (un des meilleurs interprètes de son époque, interprétation aggressive, romantique, avec piano).
Salvatore Accardo (un des plus célèbres interprètes de Paganini, interprétation posée, digne, avec orchestre).
Anonyme (un chinois dont je ne connais pas le nom, peut-être Mr. Format, interprétation rigoureuse, dynamique, solo).
Laquelle préférez-vous ?
Accessoirement, est-ce que cet article vous a plu ? (c'est pour savoir si j'en fais d'autres sur le même thème...).
De fil en aiguilles, de recherches wikipedia en temps perdu, je commence à m'interesser un peu plus qu'avant à la musique classique, et surtout aux différences de style entre les compositeurs, ou entre les interprètes.
Bien que passionnant, ce petit exercice se révèle parfois frustrant.
Prenons par exemple Nicollò Paganini.
Ce gênois est souvent cité comme le plus grand violoniste jamais connu. Il a brillé dans les concerts du début du XIXème siècle (début de la période romantique).

Véritable génie musical, la description qu'en ont fait ses contemporains le place au-dessus de tous les violonistes passés comme présents. Sa souplesse est tellement prodigieuse qu'on le soupçonne aujourd'hui d'avoir été atteint du syndrôme de Marfan (qui se caractérise par une hyperlaxie ligamentaire... pour ceux qui connaissent le Troll en Costard, oui c'est la même chose). Son acuité auditive est aussi extraordinaire, capable non seulement d'accorder son instrument pendant que joue l'orchestre, mais aussi de corriger les autres instruments à une distance étonnante.
En dehors de ces capacités naturelles, Paganini avait également une excellente maîtrise technique. Epuisant plusieurs professeurs au cours de sa scolarité, certains même avant le premier cour (comme le virtuose Alessandro Rolla, qui estima "ne rien avoir à lui apprendre"), il apporta de plus au violon de nouvelles manières de jouer, utilisant dans ses compositions de nombreux effets techniques inconnus de l'époque. Ses vint-quatre Caprices sont considérés encore aujourd'hui comme le summum de la difficulté technique de cet instrument. Pour certains des meilleurs violonistes actuels (comme Ivry Gytris), il y a un "avant" et un "après" Paganini, indissociables et incomparables.
Et ce n'est pas tout ! Aux talents naturels et à ses prouesses techniques s'ajoute encore quelque chose d'un peu spécial, un don incomparable pour transmettre des émotions par la musique, qui lui donna son surnom : "le violon du Diable". Subjuguant les foules de toute l'Europe, suscitant l'admiration incontestée de tout ce que son époque comptait comme musiciens et compositeurs, Paganini a brillé comme aucun autre musicien.
Schubert disait de lui que "Dans l'adagio de Paganini, j'entendis le chant des Anges. On ne verra jamais personne comme lui". Rossini (le compositeur du Barbier de Séville) pleura la première fois qu'il l'entendit jouer (ce fût l'une des trois seules fois où il pleura, selon la légende).
Lors de son premier concert à Paris, l'enthousiasme déclenché par sa prestation fut sans égal, rapporté par l'écrivain allemant Ludwig Börne : '"Ce fut un enthousiasme divin, diabolique, je n'ai jamais vu ou entendu quelque chose de semblable de toute ma vie. Tous les gens sont devenus fous." Le prix des billets doubla en une seule soirée. Le célèbre critique musical François Castil-Blaze, qui faisait autorité à l'époque, exhortait le public à aller le voir sans aucune retenue : "Vendez tous ce que vous possédez, bradez tout, mais allez l'entendre. C'est le plus impressionnant, le plus surprenant, le plus merveilleux, le plus miraculeux, [...], le plus inattendu des phénomènes jamais survenus."
Et bon sang... Bon sang je l'entendrai jamais !
C'est super frustrant !
Y'a quelque chose dont je me suis rendu compte en fouillant un peu dans l'histoire de la musique, c'est que l'interprète d'un morceau classique a énormément d'importance, autant voire plus que pour un morceau moderne. Et si les oeuvres de Paganini sont arrivées jusqu'à nous, jamais nous ne pourrons retrouver avec certitude ce que jouait cet homme.
Au mieux nous pouvons nous reposer sur ceux qui jouent Paganini aujourd'hui.
Voici quelques exemples de la gamme d'interprétations possibles pour un même morceau, avec la Campanella, dit aussi Concerto à la clochette.
Ga Yeon (interprétation assez candide et sage, avec piano).
Leonid Kogan (un des meilleurs interprètes de son époque, interprétation aggressive, romantique, avec piano).
Salvatore Accardo (un des plus célèbres interprètes de Paganini, interprétation posée, digne, avec orchestre).
Anonyme (un chinois dont je ne connais pas le nom, peut-être Mr. Format, interprétation rigoureuse, dynamique, solo).
Laquelle préférez-vous ?
Accessoirement, est-ce que cet article vous a plu ? (c'est pour savoir si j'en fais d'autres sur le même thème...).